Adoptée en 2009, la loi Hôpital, Patients, Santé et Territoires modifie en profondeur la gouvernance des établissements de santé et redéfinit les responsabilités des acteurs. Son application suscite de nombreux ajustements, notamment dans la répartition des pouvoirs entre les agences régionales de santé et les directions hospitalières.La réforme s’articule autour de quatre chapitres distincts, chacun introduisant des mesures structurantes. Les enjeux portent sur l’organisation des soins, la modernisation du système hospitalier, la prévention et la coordination des parcours de santé.
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La loi HPST : contexte et objectifs majeurs
En 2009, la loi HPST trace une ligne nouvelle dans la gestion du système de santé français. Face à des écarts persistants d’un territoire à l’autre et à un paysage morcelé, il s’agissait de donner enfin un cap national cohérent. Le ministère de la santé ne coupe pas les coins ronds : il centralise, met en ordre, équipe le secteur d’outils pour sortir de l’improvisation permanente.
Au centre, les agences régionales de santé (ARS) reprennent tout, là où une multitude d’organismes se marchaient sur les pieds. Planification, surveillance, gestion régionale : l’État mise sur des interlocuteurs identifiés, capables de relayer l’action publique plus vite, plus près du terrain. Cette rupture réduit les échelons intermédiaires et permet d’adapter la modernisation du système de santé à chaque contexte local.
La nouvelle organisation rapproche de manière bien plus concrète la prévention, les soins et le secteur médico-social. Désormais, les ARS détiennent la latitude nécessaire pour organiser l’offre, répartir les moyens et ajuster la réponse selon les besoins réels. Ce changement bouscule les équilibres et pousse chaque acteur à clarifier sa place : qualité, continuité et accès équitable deviennent le cahier des charges commun.
Quels sont les quatre chapitres structurants de la loi HPST ?
Le texte structure sa réforme autour de quatre axes majeurs, qui modifient chacune à leur manière le visage du système de santé français.
1. Gouvernance hospitalière réformée
Le fonctionnement interne des hôpitaux change de ton. Le directeur d’établissement prend les commandes, préside le directoire et façonne les équipes en nommant les chefs de pôle, ou en pilotant les contrats d’objectifs et de moyens. Quant au conseil de surveillance, il succède à l’ancien conseil d’administration et ramène le débat sur la stratégie et la réalité des besoins locaux.
2. Renforcement des agences régionales de santé
Les ARS gagnent une visibilité sans précédent. Elles orchestrent maintenant la répartition régionale de l’offre de soins, la coordination des acteurs, la gestion des crises sanitaires et l’élaboration du projet régional de santé. Leur intervention dépasse le seul secteur hospitalier : elle embarque institutions, soignants libéraux et collectivités dans un même mouvement.
3. Modernisation de la formation des professionnels
Évolution nette aussi côté formation des professionnels. Les modalités de formation continue deviennent plus flexibles et plus directement connectées à la réalité démographique et aux compétences attendues. L’enjeu : faire monter le niveau partout, sans zone grise ni territoire perdu.
4. Nouvelle impulsion pour la prévention et la santé publique
La prévention s’impose comme un pilier à part entière. L’éducation thérapeutique du patient change d’échelle et entre dans le quotidien des plans d’action. Sous pilotage direct des ARS, vaccination, lutte contre les addictions, vieillissement ou handicap : la cohérence prime, et la politique de prévention devient structurante plutôt qu’accessoire.
Pour résumer ces transformations, voici les points marquants portés par la loi HPST :
- Gouvernance hospitalière recentrée autour du directeur et du conseil de surveillance
- Nouvelle architecture avec des ARS aux commandes régionales
- Formation continue revue pour homogénéiser la qualité
- Prévention reconnue et intégrée dans toutes les strates
Principales dispositions : ce que chaque chapitre change concrètement
Gouvernance hospitalière : nouveaux équilibres
La direction des établissements de santé monte en première ligne. Le directeur contrôle l’organisation, nomme les chefs de pôle, engage les contrats d’objectifs et de moyens. Le conseil de surveillance remplace le conseil d’administration et concentre le débat sur l’avenir de l’hôpital, l’impact des réformes, et la stratégie d’établissement. Le directoire, lui, associe la commission médicale d’établissement, mais sur une feuille de route précise et resserrée.
ARS : pilotage territorial et coordination
Véritables têtes de réseau, les agences régionales de santé élaborent le projet régional de santé (PRS). Elles intègrent les besoins sanitaires, médico-sociaux ou de prévention à l’échelle de chaque région. Leur force ? Le travail en coopération avec collectivités, professionnels libéraux, associations de patients et structures diverses, dans le cadre de contrats spécifiques. Aux grands moments de tension sanitaire, elles démontrent aussi leur capacité d’anticipation et d’organisation collective.
Appels à projets, transparence et allocation des ressources
La création d’établissements médico-sociaux passe désormais par un système d’autorisations sur appel à projets, encadrées par les référentiels du PRIAC et de la CNSA. Cette méthode doit rendre les financements plus lisibles, mais aussi plus justes face aux besoins locaux, identifiés notamment par les MDPH. Les groupements de coopération sanitaire (GCS) dynamisent de leur côté la mise en commun des expertises entre hôpitaux, soignants de ville et centres de soins.
Prévention, formation et territoires
La prise en charge de l’éducation thérapeutique du patient relève maintenant d’une coordination régionale, chapeautée par les ARS. Les modalités de formation continue s’adaptent pour permettre une évolution constante des compétences. Quant au schéma régional d’organisation médico-sociale (SROMS), il cible l’accompagnement des publics fragiles, en lien avec les maisons départementales des personnes handicapées et les collectivités locales.
Ressources pour approfondir et pistes de réflexion sur l’impact de la loi HPST
La loi HPST marque un tournant dans l’architecture globale de notre système de santé, et reste au cœur des débats actuels. Elle a posé les bases que d’autres réformes sont venues compléter, consolidant le rôle des agences régionales de santé, particulièrement dans la coordination des parcours et l’organisation territoriale.
Pour mieux saisir la mise en œuvre concrète de la HPST, plusieurs sources sont particulièrement éclairantes :
- Les rapports annuels évaluant les activités des ARS et leurs effets sur la gouvernance hospitalière
- Les analyses menées sur l’organisation des parcours de soins et l’efficacité des dispositifs régionaux
- Les synthèses réalisées concernant l’accès aux soins, la gestion territoriale et les retours d’expérience sur la réorganisation des filières médicales
L’arrivée du COVID-19 a rappelé brutalement l’importance du dialogue entre médecine de ville et hôpital. La HPST avait justement placé cette articulation au cœur de ses priorités, en développant les groupements hospitaliers de territoire (GHT). Quinze ans plus tard, chaque crise sanitaire remet sur la table la question : les outils créés répondent-ils aux réalités d’aujourd’hui ?
Pour qui souhaite approfondir, la documentation scientifique sur l’action des ARS, ainsi que les comptes-rendus de débats parlementaires, permettent de mettre à nu les avancées comme les points de blocage. Les réflexions portent, en particulier, sur la gouvernance, la répartition des moyens et la capacité à innover en matière d’organisation des soins.
La loi HPST n’a pas fini de générer des débats, ni de façonner hôpitaux et politiques de santé. Son impact, toujours vivant, se lit aujourd’hui dans la prudence des ajustements mais aussi dans l’endurance des questions qu’elle fait émerger. Le chantier sanitaire reste, décidément, ouvert.

